Viens ! Tout au fond du tiroir...

Viens ! Tout au fond du tiroir...

Ce que j'adore sur cette image du livre (publié en 1975) c'est que ça pourrait être nous à la maison hier soir. (même si on n'a pas vu autant de marron et d'orange dans une maison depuis les seventies)

J'ignore donc si ce sont les petites touffes brunes ébouriffées des deux petites ou leur apparent écart d'age qui me sont familiers, mais ce livre, retrouvé dans la cave d'une grand-mère soigneuse qui n'a pas jeté grand chose, nous semblait adressé comme un clin d'oeil poétique alors que nous étions dans nos premiers mois de chaos à 4, entre les tétées nocturnes et les otites (nocturnes aussi, ça va sans dire). Et c'était un rayon de soleil dans notre interminable nuit blanche, une sorte de promesse de lendemains radieux et de bonheur à quatre.

Nous nous sommes très naturellement identifiés, à tel point que les personnages qui n'ont pas de prénom (le livre est sans texte) ont immédiatement été baptisés comme chez nous, et l'histoire racontée de dessin en dessin est un peu celle de notre année dernière. C'est le récit sans parole de l'arrivée d'un bébé dans une famille, à travers le regard de sa grande soeur (encore petite).

Au fil des images, la complicité se tisse entre curiosité, jalousie, tendresse, disputes, bêtises et jeux en commun. Le petit bébé devient une petite fille taquine. D'abord blottie immobile contre le sein de sa maman, puis rampant à quatre pattes derrière sa soeur , elle finit par apprendre à marcher avec cette dernière, puis faire ses premiers pas toute seule, passage symbolique de la chenille au papillon, du petit rampant à la petite fille virevoltant sur ses deux petites jambes. C'est la genèse en petite touches de nostalgie de l'amitié la plus naturelle et la plus absolue : le lien qui unit deux soeurs pour le reste de leur vie.

Si vous avez la chance de retrouver cet album vintage du Père Castor devenu quasi introuvable dans le commerce, replongez dedans et savourez ces petites tranches de vie si tendres et si justes : un beau moment de nostalgie. Cet album est une petite merveille.

Viens – Albertine Deletaille

Père Castor, 1975.