Où vont les bébés ?
C'est sur la pointe des pieds qu'on entre de cet album aux illustrations vaporeuses, tant on craint d'altérer cette atmosphère onirique et délicate, telle un rêve qui risque de s'évanouir.
L'histoire est une prose empreinte de nostalgie, sur le temps qui passe, et l'enfance perdue.
« Comment appelles-tu ces choses auxquelles on pense avant de s'endormir et qui rendent un peu triste ? » demandait Petit Pote.
Et Grosbert répondait : « Voyons, Petit Pote, je te l'ai déjà dit, ce sont les souvenirs. »
Grosbert et Petit Pote, deux nounours vieillissants, s'interrogent sur ce qu'est devenu le bébé qui, il y a longtemps, était avec eux. C'était il y a très longtemps, et depuis, on ne l'a plus revu. Car les bébés finissent tous un jour par disparaître, explique Grosbert, l'ours qui a la sagesse d'un grand-père.
« Ils meurent ? » chuchota Petit Pote.
« Mais non : Ils deviennent des grandes-personnes !»
Voilà une idée qui peut remplir de tristesse, mais heureusement, tout n'est pas perdu, car les petits garçons devenus grands deviennent des papas de nouveaux bébés...
C'est un album magnifique, au graphisme sensible et brumeux comme les contours incertains d'un lointain mais cher souvenir. Elzbieta nous entraine avec poésie sur les chemins presque effacés du pays perdu que chacun de nous s'efforce de retrouver à travers la lecture : l'enfance.
Où vont les bébés ?, Elzbieta. Editions du Rouergue.