Un arbre : La vie, la mort, la transmission.
Deux livres écrits autour d'un arbre, symbole fort de vie. Deux livres qui abordent les grandes questions de la vie, à savoir la naissance, la mort, le fil des générations.
Un roman tout d'abord, au titre mystérieux et à la couverture engageante: L'arbre à l'envers. L'histoire se déroule au Brésil, Paulo vit son premier enterrement : celui de son grand père. D'un moment à l'autre, sa maman doit accoucher. La mort, la vie.
Peu après les obsèques, au cours d'une partie de cache-cache avec sa jeune cousine dans la maison de ses grands-parents, il découvre dans le bureau un peu secret de son défunt grand-père un parchemin, avec dessus, un arbre qui se déploie et prend vie sous les yeux ébahis de Paulo. Dans le même temps, sa grand mère Elisa montre à sa cousine Jade de vieilles photos, et lui raconte les histoires des personnes qui semblent tout à coup s'animer sur les portraits. Par petites touches, l'arbre généalogique de Paulo et Jade va se construire. A travers le récit de la grand-mère à sa petite fille, et le parchemin du grand-père à son petit-fils, ce grand « arbre à l'envers » va déployer ses ramifications, dévoiler ses racines, et aider les enfants à s'ancrer dans une histoire familiale.
Quand on parle d'arbre, on parle forcément de racines, et il est question ici de transmission, de ce qu'on passe aux générations suivantes, de comment savoir d'où on vient, de qui on vient, permet d'être soi.
C'est un roman un peu flottant, (comme le sont ces moments hors du temps après la perte d'un être) où il peut sembler parfois que l'intrigue a du mal à se mettre en place. Pauline Alphen réussit cependant à toucher avec beaucoup de justesse des questionnements de l'enfance, dans plusieurs passages très beaux.
Un roman paru dans la collection junior de Hachette à lire dés 7 ans. Pour en savoir plus, lire aussi l'avis de Pépita.
L'Arbre à l'envers, Pauline Alphen (illustrations de Princesse CamCam)
Hachette Jeunesse, 2013
Notre deuxième arbre est à l'endroit, mais ses ramifications sont infinies. Il s'agit de l'Arbre sans fin, de Claude Ponti.
Il est à nouveau question dans cet album du deuil d'un aïeul. La grand mère d'Hipollène meurt, non sans avoir transmis son savoir. « Grand mère sait tout », d'ailleurs c'est elle qui connaissait le meilleur jour pour la chasse aux glousses.
Hipollène tombe comme une larme, jusqu'aux racines de l'arbre, sous terre, voit les bords de l'arbre qu'elle croyait sans fin, traverse des péripéties épiques et surréalistes et revient chez ses parents grandie. L'arbre symbolise ici nombreuses choses, et notamment la croissance : il s'agit d'un récit initiatique, puisque Hipollène apprend à surmonter son chagrin, elle revient grandie de ses péripéties, et à droit pour finir, à ce que sa maman lui fasse « une coiffure de grande. Dans l'univers foisonnant de Claude Ponti, tantôt fantaisiste tantôt terrifiant, on retrouve les thèmes de la filiation, de la transmission, et de la mort Le chagrin qu'on éprouve à la perte d'un être est explicité aussi, avec justesse et poésie.
Je suis sensible à cette lignée matrilinéaire et à transmission de grand-mère à fille et à petite fille, comme ce très beau passage ou une brume de musique chante les noms de toutes les aïeules d'Hipollène, jusqu'à l'origine (ça m'a rappelé la maman de toutes les mamans de Pétronille).
Dans cette histoire riche de symboles, l'arbre occupe une place essentielle : Arbre-maison, arbre de vie, arbre de la connaissance, arbre généalogique, arbre univers. On se régale des illustrations de Ponti, chez qui les arbres sont toujours magnifiques, et même un peu magiques...
L'Arbre sans fin, Claude Ponti
L'école des loisirs, 2008.
C'est ma 9ème participation au challenge Je lis aussi des Albums chez Délivrer des livres :