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Le tiroir à histoires
6 mars 2014

Comme des images

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Intrigante, la couverture de Comme des images, à l'instar de son titre à double-sens. Apprêtez-vous à plonger, à l'image de ces deux jeunes filles qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau (ou n'est ce qu'une illusion...?) dans le récit hypnotisant d'un jeu de massacre.

"L'enfer, c'est les autres", avait écrit Sartre, dont une autre citation est mise en exergue : "Mais voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là et m'a vu". Car c'est plus exactement du regard des autres dont il est question.

Dans les murs historiques du prestigieux du lycée Henri IV étudie et évolue la future élite du pays. Et pour cette jeunesse brillante et triée sur le volet, rien n'est laissé au hasard, car la moindre faiblesse pourrait coûter le passage en 1ère S, donc en prépa, et c'est le reste d'une vie joliment tracée qui pourrait s'écrouler. Et pourtant dans ce petit théâtre doré comme partout, se nouent et se dénouent les mêmes intrigues cruelles et dérisoires que dans n'importe quel lycée.  Les amours, les jalousies, les trahisons, les humiliations. Il y a l'humiliation éclatante et spectaculaire, feu d'artifice d'une image honteuse démultipliée instantanément par la technologie. Et les humiliations sourdes, quotidiennes, dont on n'a parfois même pas conscience.

Le jour ou Tim, éconduit et haineux, envoie une vidéo très compromettante de Léopoldine à toute la liste de diffusion du lycée, élèves, parents d'élèves et professeurs inclus, le petit monde de "H.4" semble au bord de l'explosion. Chacun joue son rôle, en étant plus ou moins à la hauteur, mais au final, si beaucoup ne sortent pas indemnes de cette farce tragique, les plus abîmés ne sont pas forcément ceux que l'on soupçonnait.

Comme des images est un roman contemporain, ancré dans l'ère 2.0, comme en témoigne sa narration originale, vivante, empruntant volontiers et judicieusement les codes des  nouvelles formes de communication. S'il est question, en toile de fond, de notre rapport nouveau, obsessionnel, voyeur, exhibitioniste, amoral, superficiel à l'image numérique, c'est d'autres images qui sont pointées du doigt : Les images que nous choisissons d'être, ou de chérir, les images des autres et de soi, dans tout ce qu'elles ont de fascinant, d'illusoire, de factice. Et plus pernicieusement, les rapports artificiels qui en découlent.

La plume de Clémentine Beauvais est fluide, subtile, hypnotisante. On est happé dans son récit sans pouvoir s'en échapper. Les mots sont bien choisis, l'humour légèrement acide, les situations pleines de justesse. J'ai trouvé le roman particulièrement bien rythmé et bien construit, quant à son propos, qui suscite évidemment la réflexion, plutôt porté sur l'espoir malgré sa noirceur : Un excellent roman !

 

Retrouvez les avis de Céline de QLF et de Nathan

 

 

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