J'aime mes cauchemars... (ces ennemis qui me veulent du bien)

C'est l'histoire d'une petite fille qui fait des cauchemars horribles.

« J'ai rêvé qu'une famille de monstres vivait cachée sous mon lit »

« J'ai rêvé que je restais coincée dans l'ascenseur. Je criais et personne ne m'entendais »

Terrifiants, je vous dis, et bien pires encore... (et délicieusement mis en images par la talentueuse Amélie Graux !)

Mais la petite fille a une maman parée des meilleures intentions du monde, et bien décidée à venir à bout de tous ces vilains cauchemars. Elle lui achète une veilleuse, lui raconte des histoires rose-bonbon, des histoires qui font rire.

Non mais et puis quoi encore ? Pour se retrouver à rêver de gentils petits animaux mignons ou d'arcs en ciels dégoulinants ? Alors là non merci ! Notre petite héroïne (et on l'adoooore pour ça) n'est pas du genre à se laisser endormir comme ça, et ses cauchemars, elle y tient ! Elle veut les garder, les manger, les aimer... loin d'elle l'idée de s'en débarrasser !

Avec ses illustrations tendres et délirantes, J'aime mes cauchemars est une histoire aussi désopilante que pertinente. Rien ne sert de cacher ses cauchemars que je ne saurais voir, et les auteures l'ont bien compris. Avec la sensibilité qu'on lui connait, et une bonne dose de dérision, Séverine Vidal rappelle la nécessité de laisser l'imaginaire se débrider. Point de vernis à paillettes pour masquer la noirceur : non seulement les cauchemars sont bien là, mais les enfants en ont besoin. Inutile donc de les chasser : comme l'affirme intelligemment la petite fille, il faut en prendre soin, comme d'étranges amis pas très présentables et un peu collants à qui il faut laisser la place de temps en temps...

Des cauchemars en veux-tu, en voilà, et il y en aura encore demain (plein !)

J'aime mes cauchemars, Séverine Vidal et Amélie Graux

Gallimard - Giboulées, 2014.