L'Océan au bout du chemin

L'Océan au bout du chemin

On pénètre dans l'univers de Neil Gaiman par un sentier à la fois mystérieux et familier, comme par une petite porte secrète devant laquelle on passerait tous les jours sans la voir. Auteur culte outre-Manche et outre-Atlantique, il reste étrangement confidentiel en France. What a shame ! Il sait parler du monde merveilleux et terrifiant de l'enfance comme une poignée seulement d'excellents auteurs savent le faire.

A l'occasion d'un enterrement, le narrateur revient dans la maison de son enfance. En allant faire un tour dans la ferme voisine chez Lettie, son amie d'enfance, il replonge dans ses souvenirs, et nous entraine dans un monde imaginaire plus réel que le réel, dans lequel les peurs enfantines prennent vie, intensément. Derrière la mare qui est en fait un océan, la nature est habitée de créatures maléfiques cachées, qui attendent le moindre faux-pas pour se débrider et venir se repaître de nos âmes et nos corps, à nous pauvres mortels. Il faut connaître les rituels secrets d'une sagesse millénaire pour s'en protéger, neutraliser les forces obscures qui nous guettent et contrôler les éléments. Se donner la main sans la lâcher, ne pas sortir du cercle... La mère et la grand-mère de Lettie, initiées, savent même retrousser le temps de quelques heures en cousant un ourlet à un pyjama...

Des mondes magiques, des univers fantasmagoriques, la littérature en regorge... Mais ici on est véritablement comme dans l'enfance, perpétuellement en va et vient à travers la frontière entre le réel et l'imaginaire. L'écriture est fluide, et touche avec justesse des souvenirs et sensations profondément enfouis. Les émotions sont palpables, les impressions indiscutables.

C'est un voyage captivant, nostalgique et bouleversant au coeur de vos songes oubliés, dont vous reviendrez rajeunis peut être, mais pas tout à fait indemne.

La Soupe de l'Espace a aussi aimé !

The Ocean at the end of the lane, Neil Gaiman. Harper Collins 2013

L'Océan au bout du chemin, Neil Gaiman. Au diable Vauvert, 2014.