Caprices ? C'est fini !
Sa majesté le roi n'en peut plus. Cette fois c'est trop : il est prêt à rendre son tablier, voire à abdiquer...
de son rôle de père, ça va de soi. Sa fille la princesse, la peste la plus capricieuse du royaume, déploie des trésors d'imagination pour le rendre complètement marteau !
Heureusement qu'il peut toujours trouver une oreille atentive et un conseil avisé auprès de son grand Chambellan, qui lui suggère de marier la belle pour enfin avoir la paix. En voilà, une bonne idée. Or, cette tête de mule de princesse impose ses conditions : elle n'épousera que celui qui devinera de la peau de quel animal est revêtu son fauteuil favori... (Un pou. Oui : un pou ! Un autre de ses caprices, mais il vous faudra lire l'histoire pour en savoir plus...) « Le roi, qui n'avait jamais dit « non » à sa fille ni même « peut être », fit comme d'habitude. Il renonça, découragé, et lui dit « oui» »
L'affaire se corse lorsque le prétendant qui parvient à trouver la bonne réponse s'avère être un pauvre bûcheron. Aussi impatient que soit le roi de se débarrasser de sa fille, il est tout de même hors de question de donner sa main à un vulgaire homme du peuple. Il impose donc trois épreuves impossibles à l'issue desquelles soit il obtiendra la main de la princesse (sauf que vous avez bien lu : c'est impossible), soit il sera décapité et ce sera réglé (enfin, le roi restera avec sa fille sur les bras...)
Et si vous pensez deviner la suite... eh bien il y a de fortes chances que vous vous trompiez !
Dans son premier roman, Pierre Delye (qui n'est pas tout à fait un inconnu quant il s'agit de conter des histoires) nous entraine dans un récit virevoltant et réjouissant aux personnages impayables et aux rebondissements aussi savoureux qu'inattendus. On est dans un conte, avec son décor, ses personnages, ses péripéties et son lot de merveilleux, mais le tout est impertinent et plein de dérision. Plus qu'un simple conte détourné, c'est un récit inventif et intelligent, qui pose un regard amusé mais acéré sur la famille, les rapports entre les riches et les pauvres, les apparences, la vie, l'amour.
Son ton décalé, loin d'être prétexte à un registre relâché, est mis en valeur par une langue riche et vivante : un vrai plaisir de lecture. Les scènes sont bien amenées, avec un je-ne-sais-quoi de théâtral (on n'est jamais loin du burlesque), les dialogues sont truculents, les personnages tout à fait irrésistibles. Cerise sur le gâteau : les illustrations espiègles et pleines de finesse d'Albertine (on est fan !) accompagnent parfaitement ce récit malicieux.
Un vrai régal que ce conte drôle, intelligent et plein d'humanité.
Caprices ? C'est fini ! Pierre Delye
Didier Jeunesse 2015