Yellow Yellow
Yellow Yellow sonne comme un joyeux « Hello », comme une rengaine ensoleillée des Beatles ou de quelque autre barde guilleret et illuminé.
Dans une rue américaine sale et animée, un enfant marche, et découvre au hasard derrière une palissade une immense décharge remplie de bric à brac dans laquelle il trouve... « un truc tout jaune ».
D'un minimalisme technique jaillit une étonnante profusion visuelle. Au feutre noir fin, sans aucun remplissage, des lignes noir sur blanc créent un bric à brac débordant, un univers rempli d'objets hétéroclites et de menus détails, d'où émergent ça et là le loufoque et le merveilleux. Les lignes s'enchevêtrent, les perspectives se brouillent, les proportions deviennent insensées, et déjà, on est passé dans l'enfance, du côté où l'improbable devient plus vrai que nature, ou l'imaginaire s'imbrique dans le réel. Et ce jaune éclatant qui apparaît aux hasard des lignes en noir et blanc, qui devient immense et obsédant, fil rouge jaune de l'histoire.
Il y a un abîme entre la sobriété du texte, ce petit récit tout à fait enfantin, et les illustrations débordantes, exubérantes, complètement délirantes. Abîme qui fait place à un album épatant. Ajoutons que des mots, malins, se glissent dans les dessins. Ainsi les illustrations se lisent.
Et dire que ce chef d'oeuvre de 1971 était devenu introuvable... Grâce soit rendue à Actes Sud qui réédite avec classe ce petit bijou vintage : Carton toilé et format à l'italienne, avec sa couverture rétro et éclatante, Yellow Yellow est presque un objet de déco !
Yellow Yellow, Franck Asch et Mark Alan Stamaty
Actes Sud Junior, 2015