Le Petit Poucet
Le passage préféré de mes papooses dans Le Petit Poucet, c'est quand l'Ogre mange par erreur ses propres filles. Elles l'attendent et le redoutent, en tremblent autant qu'elles s'en délectent. Je ne sais pas quelle peur profonde elles exorcisent, mais tout porte à croire que la lecture d'un conte est sans doute aussi efficace qu'une bonne psychanalyse...
Lorsqu'il se rend compte de sa bévue, dans cette version du Petit Poucet, l'Ogre verse des larmes de sang, qu'on voit apparaître en tournant la page, au verso de l'illustration où on le voit dévorer.
Le génie de cet album consiste en ses illustrations brodées qui, quand on les tourne, laissent apparaître des fils que l'on avait pas vu. Chaque page d'illustration a donc un envers, une côté « face B » où se dessinent des motifs légèrement différents, qui content une autre histoire, ou la prolongent en offrant un autre regard.
Un album brodé, quelle belle idée ! J'aime la métaphore de la couture pour l'écriture, ces fils que l'on tisse pour créer une histoire. Ne dit-on pas qu'on brode une histoire en inventant des détails ? Ne parle-t-on pas d'ailleurs du fil du récit ?
Thisou Dartois nous coud un album malin, au texte limpide qui laisse la place libre à des illustrations-broderies étonnantes, en écho parfait avec la polysémie des contes.
Un excellent album, que je me prends à relire et relire pour le plaisir de tourner ces pages à double entrée.
Si vos enfants aiment la psychanalyse l'histoire du Petit Poucet lisez-leur aussi, dans un tout autre style, cette autre excellente adaptation en album.
Le Petit Poucet, Thisou Dartois
Le Rouergue
Commentaires sur Le Petit Poucet
- intemporel ce conte