Parole de loup

Alors non : ce n'est pas du tout ce que vous croyez. Pas du tout ! Si le loup a été repêché dans la rivière en peignoir rose, il y a une explication honnête. Oui, oui, Monsieur l'agent. Il va tout vous raconter.

Igor le loup que les lecteurs de Pennart connaissent bien est en fâcheuse posture. Le voilà prié de s'expliquer aux autorités représentées en la personne de Monsieur Bourru, le bien nommé agent de police qui n'est pas là pour rigoler. C'est avec une verve flamboyante que notre Igor se prête à l'exercice, pour notre plus grand régal.

« [...] quand brusquement que vois-je? Un jeune cochon livré à lui même, l'inconscient, [...] Je n'écoute que mon esto...que mon coeur, je vole à son secours. Je l'accompagne pour être sûr qu'il ne lui arrive rien. Et là, je m'aperçois que son frère […] habite une maison tout aussi inflammable, deux cochons grillés en puissance, quel bonheur, je veux dire quelle horreur […]  »

«  Alors ? »

« Alors je les y accompagne, discret mais prévenant[...] »

Geoffroy de Pennart se prête à son exercice préféré d'intertextualité, déjà expérimenté dans Le Loup est revenu et Je suis revenu, où la même histoire étaient racontée de deux points de vue différents.

Les histoires de La galette à l'escampette, Igor et les trois petits cochons, La chèvre et les 7 chevreaux ou Chapeau Rond Rouge s'imbriquent dans le récit d'Igor, qui en livre sa version très personnelle, truffée d'improbables rebondissements et de péripéties abracadabrantes.

Mes papooses qui adorent les personnages déjantés des contes détournés de Pennart et se délectent de la connivence qu'il établit avec le lecteur ne boudent pas leur plaisir devant ce récit cocasse et cette savoureuse mauvaise foi, s'esclaffant à chaque mensonge éhonté ou lapsus révélateur.

C'est avec jubilation qu'on se laisse baratiner, et on en redemande.

Parole de loup, Geoffroy de Pennart

Kaléidoscope. 2015.