La bulle
Mais quelle est cette bulle, cette étrange ombre noire qui plane au dessus de l'enfant, depuis qu'elle est petite ? Une bulle de ténèbres qui la suit partout, comme reliée à elle, comme faisant partie d'elle. Sombre et menaçante, pesant sur Misha « même quand tout avait l'air d'aller si bien. Même quand tout était beau. Et le ciel si pur autour d'elle. »
On voit Misha blottie contre sa grand mère qui lui lit un livre de contes. Les contes, comme souvent chez Timothée de Fombelle sont là, essentiels, comme le fondement de l'imaginaire et de la vie.
Un jour, on ne sait comment, Misha se hisse sur une pile de livres (tiens, tiens...) et pénètre dans sa bulle. Un cheval blanc fringant l'y attend, et la voilà partie dans une aventure fabuleuse et effroyable qui la mène à combattre ses démons ce mystérieux ennemi qui la terrifie. Et revenir libre, légère, victorieuse. Lucide aussi, mais sereine. Grandie, en somme.
« Misha savait qu'il y aurait d'autres batailles. »
Mais d'abord, et surtout : « La vie et les autres qui l'attendaient dehors. »
Le très grand Timothée de Fombelle, dont les romans virtuoses (Tobie Lolness, Vango, Le Livre de Perle) nous ont fait traverser des mondes merveilleux et connaître des héros envoûtants, s'essaie à l'album. La jeune illustratrice Eloïse Sherrer s'empare de cette magie si singulière et crée un univers graphique sombre et merveilleux, d'une noirceur étonnante, presque déroutante.
La bulle est un véritable conte, avec tout ce qu'il peut avoir de merveilleux, d'effrayant, de symbolique et de cathartique.
La Bulle, Timothée de Fombelle et Eloïse Sherrer
Gallimard. 2015.