Les cavaliers de la lune
C'est une journée qui s'achève, la nuit tombe. Sous la lune ronde qui se lève, des enfants se lancent dans une danse endiablée. La folie insouciante des soirs d'été électrise leurs corps dans le jardin. Sous les rayons de lune, ils se déchainent, jusqu'à ce que la maman les appelle et que l'heure de se coucher viennent mettre un terme à cette partie de jeu effrénée.
Les planches double-page en couleurs et sans texte s'intercalent avec les vignettes en noir et blanc qui viennent accompagner le récit. On passe du récit à l'image pure, de l'académisme au désordre, du noir et blanc à la couleur. Des constructions des adultes au monde primitif de l'enfance. Et quel régal que ces dessins délicieusement surannés !
Paru en 1959, ce texte lyrique de Janice May Udry comme un poème à la lune vibre d'une énergie singulière à travers les illustrations de Sendak où cette folie débridée préfigure la terrible fête de Max et les Maximonstres. On y trouve déjà cette gaité transgressive, démoniaque et libératrice sous la lune et les feuillages. Un chat noir précède les enfants et les couve de son oeil luisant. Le clair de lune projette des nuances bleutés irréelles sur les scènes dans le jardin.
On savoure cette danse nocturne comme un plaisir interdit, sachant qu'il faudra aller se coucher, et qu'il faudra refermer le livre. Et (On note que la maman appelle une fois, et qu'à la page suivante, les diablotins rentrent sagement, la mine déçue mais sans discuter... Aaah, les années cinquante, c'était une autre éducation ! ).
Sur la dernière planche où les rayons de lune éclairent une pelouse vide et le toit mauve d'une maison sous lequel on devine les enfants enfin endormis.
Les cavaliers de la lune, Janice May Udry et Maurice Sendak
Circonflexe. 1995