Petit Elliot dans la grande ville

2 mars 2016

C'est un tout petit éléphant qui habite une très grande ville. Un tout petit éléphant de rien du tout, qui avait du mal à se faire une place. Difficile, quand on est si petit, de se hisser pour attraper ce qu'on veut. Difficile de ne pas se faire bousculer. Difficile, tout simplement, de se faire remarquer. Ainsi vit timidement le petit Elliot, un peu perdu au milieu de cette ville grandiose que vous aurez reconnue, au passage. Mike Curato nous dépeint un New York des années trente aux teintes chaudes mais sombres, aux contours doux et à la lumière tamisée.

On y voit Elliot un peu perdu, bousculé par la foule, éclaboussé par les taxis, sur de grandes planches qui le font paraître si petit. Même chez lui, le mobilier semble toujours trop haut, toujours trop grand pour lui. Jusqu'au jour au Elliot rencontre une souris. On dit qu'on a toujours besoin d'un plus petit que soi. Quand c'est le plus petit qui a besoin de nous, on se sent drôlement grand ... Et à deux, on est tellement plus fort, plus sûr, pour affronter le reste du monde. A deux, tout simplement, on est mieux.

Petit Elliot dans la grande ville est un album étonnant, où ce petit personnage éléphant à pois paraît complètement décalé, y compris d'un point de vue graphique, dans ces illustrations documentées et réalistes. Des modèles de Ford à la façade du Flatiron building, du toit du Chrysler building à la bouche d'incendie et aux plis des manteaux des passants, on admire le souci du détail et la précision quasi historique. C'est un hommage au New York d'antan, à son atmosphère si particulière. La solitude d'Elliot nous est pesante et sourdement douloureuse. Le réconfort d'être à deux réchauffe nos coeur et nos corps comme si on partageait avec les deux nouveaux amis ce délicieux cupcake tant convoité...