L'imagier le plus fou du monde
Attention, vous avez bien lu, cet imagier est fou. C'est même « le plus fou du monde » nous annonce le titre. En conséquence, il est désordonné et fantaisiste dans sa structure même. Les catégories suivent davantage une certaine poésie qu'une logique de catalogue. A travers un voyage dans la vie d'Otto, charmant petit animal, on passe de « Enfin l'été » aux « Divines Douceurs » puis à « Vroum vroum ». La composition graphique varie au gré des possibilités. Ici les éléments sont juxtaposés et étiquetés comme sur un catalogue (et libérés de toute convention d'échelle), là ils s'imbriquent les uns avec les autres pour créer une scène, un univers à part entière, avec son paysage, et son atmosphère. Un catalogue délirant d'êtres et d'objets existants ou imaginaires se côtoyant dans un joyeux désordre.
Mais c'est surtout par son audace graphique qu'on peut dire de cet imagier qu'il est fou. La multitude de formes, l'explosion de couleurs, la mosaïque d'objets et de personnages hétéroclites qui empruntent autant au quotidien qu'à l'imaginaire : c'est un petit monde coloré et bouillonnant qui se dessine au fil des pages. Cette accumulation volontaire, truffée de petits détails comiques ou clins d'oeil malicieux. Le texte surgit, s'imbrique et se balade, parallèlement à la profusion graphique, pour composer un immense pot-pourri polyphonique. Si l'ensemble peut manquer de clarté, nombreuses sont les entrées, comme différents petits fils à tirer pour accéder à cette toile foisonnante. Ainsi, la lecture se fera forcément de façon morcelée, on en grignote un bout par ici ; on picore un autre par là. On s'émerveille de cette planche là sans chercher à entrer dans les détails, ou au contraire on émiette chaque objet, on scrute chaque détail d'un œil curieux et amusé.
Peut être que cet imagier est fou en effet, en tout cas, il m'aura fait découvrir Tom Schamp, un illustrateur au talent fou.
L'imagier le plus fou du monde, Tom Schamp
Milan. 2016.