D'une petite mouche bleue
C'est l'histoire d'une petite mouche bleue, qui rencontre une grenouille, qui rencontre un serpent…
C'est l'histoire sans fin du qui mange qui, où le bleu souligne chaque maillon de la chaîne. Délicieuse chute dont on ne s'aperçoit qu'à la deuxième lecture qu'elle était pourtant évidente dés le début.
Par sa circularité, l'album nous invite à considérer le cycle la nature et de la chaîne alimentaire, où chaque élément fait partie d'un tout. Le bleu qui se transmet du mangé au mangeur qui se fait manger à son tour interroge. Si les rêveurs peuvent y voir une propriété magique, les plus pessimistes d'entre nous percevront peut être une métaphore des pesticides et des dommages humains sur la nature, qui se répercutent toujours plus loin que prévu. Mais attention, pas de fable ici, pas de moralité ni de message appuyé. La narration opte résolument pour le comique, et se berce d'une douce légèreté.
Le trait est léger et précis à la fois : il a l'exactitude des gravures scientifiques et, s'il ne boude pas les détails, n'est jamais chargé. Lignes nues au crayon de papier, la seule couleur qui vient s'étaler est le bleu, ce qui confère à l'album une esthétique particulière, subtile et poétique. Un choix graphique mis en valeur par le format à l'italienne et la jolie couverture bleu ajourée d'une fenêtre ronde comme la lentille d'une longue vue.
D'une petite mouche bleue, Mathias Friman
Les fourmis rouges. 2017.