06 septembre 2017

Les optimistes meurent en premier

les optimistes

 

Ne vous laissez pas décourager par le mauvais présage de ce titre, « Les optimistes meurent en premier », c'est le mantra que se répète Pétula, pessimiste pratiquante, dans le but de se conforter dans ses diverses angoisses et de justifier les précautions délirantes qu'elle multiplie quotidiennement pour éviter le pire.

Sauf que le pire est déjà arrivé, le drame tragique qui a fait voler son monde en éclat et brisé sa famille, celui qu'elle ne se pardonnera jamais.

Depuis, elle se lave les mains des dizaines de fois par jour assez longtemps pour chanter « Joyeux anniversaire » deux fois, elle a arrêté la couture et toutes les activités présentant des risques potentiels, et fait des détours pas possibles pour éviter la moindre zone « à risque ».

Susin Nielsen, avec la tendresse particulière qu'elle porte aux personnages un peu fêlés (dans tous les sens du terme), prête sa voix narrative à Pétula, 16 ans. Nous, lecteurs, on boit son récit d'un trait, sensibles à sa souffrance et à son humour. On plonge avec elle dans son monde, chez elle avec ses parents attachants et bringuebalants, qui essaient tant bien que mal de l'entourer de leur amour, ou aux ateliers art-psy au lycée, aka « le club des tarés », où elles et quelques autres ados cassés sont censés se reconstruire par l'expression artistique. Sauf que Betty, l'animatrice, « une jeune qui s'habille comme une vieille », s'obstine à proposer à des lycéens des activités d'école maternelle. C'est pourtant à Art-psy que Pétula  croise pour la première fois « l'Homme bionique ». ET celui là a l'air bien décidé à rentrer de force dans son petit univers et à bousculer ses manies.

Mais « l'Homme bionique » a aussi un passé, qui ressurgit au risque de tout gâcher…

Sauf que le dernier roman de Susin Nielsen n'entend pas laisser le passé, aussi lourd et terrible qu'il soit, avoir le dernier mot sur les joies du présent et les promesses du futur. C'est une histoire pleine de vie, où il est question de rencontres, d'empathie, de reconstruction et de pardon. Une histoire encore une fois grandeur nature, qui tisse des joies, des peines, des désastres qui blessent mais dont on apprend à revivre. Un récit peuplé de personnages secondaires drôles, touchants et complexes, et aussi de chats baptisés en hommage à la littérature jeunesse.

Un roman plein d'optimisme, où la question n'est pas de mourir en premier, mais bien de vivre, de toutes ses forces.

 

Les optimistes meurent en premier, Susin Nielsen

hélium, 2017.

Posté par indienagawika à 07:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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