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Le tiroir à histoires
8 novembre 2017

Miss Pook et les enfants de la lune

Miss Pook

 

On ne se méfie jamais assez des gouvernantes anglaises. Sous leur chapeau piqué de fleurs, leurs bonnes manières et leur moralité impeccable, elles cachent trop souvent de sombres secrets et des projets inavouables. Monsieur et Madame Dubenpré auraient quand même pu s'en douter lorsqu'ils ont embauché Miss Pook. La gastro-entérite foudroyante qui faucha les 7 autres candidates au poste le jour même de l'entretien aurait du leur mettre la puce à l'oreille. Mais ce pauvre Monsieur Dubenpré étant aussi perspicace que visionnaire (et je vous renvoie à son éloge de l'automobile, ce progrès inouï pour l'humanité et la qualité de l'air, un passage tout simplement délicieux), il n'y vit que du feu. Et sa chère Élise, presque 10 ans (l'âge où la chair des enfants devient la plus goûtue) s'envole dans la lune.

Des péripéties qui attendent Élise sur la lune et sa face sombre, des secrets terribles qui lui seront révélés, je ne vous dirai rien, pour ne pas vous ôter l'immense plaisir plaisir de les lire par vous même.

Sachez simplement qui vous allez vibrer, rire et trembler. Que cette histoire pourrait être tout à fait cauchemardesque si on n'entendait pas Bertand Santini se marrer derrière sa plume, nous invitant régulièrement à faire de même après un épisode qui nous glace d'effroi… ou même en plein milieu, le bougre !

Miss Pook et les enfants de la lune fait partie de ses livres dont on attend beaucoup, dés la couverture. Il faut dire qu'elle est tout simplement parfaite : Un auteur bourré de talent, un titre poétique et mystérieux, et surtout, surtout, cette remarquable illustration de Laurent Gapaillard, promesse d'un univers enchanteur, merveilleux et inquiétant.

La barre est mise haut d'emblée, et le récit, je vous le dis, est à la hauteur. L'ambiance délicieusement surannée du Paris de 1907, les travaux de peinture de la tour Eiffel, l'avènement de l'automobile, les maisons bourgeoises de la rue Saint Antoine, on entre avec délice dans ce Paris du début de siècle. On glisse, sans résistance, dans le merveilleux lorsqu'on est ensuite entraîné par magie sur la lune et sa face sombre, dans des péripéties haletantes, où l'on retient son souffle et où rien n'est attendu.

C'est un roman épatant, qui ouvre les portes d'un univers dense, peuplé de personnages de caractère, pleins d'épaisseur. A commencer par Miss Pook, tantôt bienveillante, tantôt terrifiante, si puissante et pourtant vulnérable. Dans toute la noirceur de cette histoire, l'humour est là, toujours, au coin d'une page, au détour d'un dialogue. Comme dans Le Yark, Bertrand Santini manie l'art du frisson, l'emphase et la dérision dans une verve virtuose. C'est virevoltant et plein d'esprit, drôle et grinçant. En cerise sur le gâteau, un rebondissement tout à fait inattendu dans l'ultime chapitre, qui vous laissera, à l'instar des "Mordrols" (oui, il faut lire l'histoire) « babas comme deux ronds de flan » (je ne m'en explique pas tout à fait les raisons exactes, mais l'utilisation, avec panache, de cette expression me mets en joie !)

 

… Et la bonne nouvelle, que le Golgome blanc* ne prend pas la peine de nous annoncer, c'est que quand par malheur on arrive à la dernière page, elle ne signale que la fin de l'épisode 1 ! Il va juste falloir réussir à patienter jusqu'à la suite…

 

* Il faut lire l'histoire, je vous le redis !

 

Miss Pook et les enfants de la lune, Bertrand Santini

Grasset Jeunesse. 2017.

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