La balle jaune
Louise et Louis font une partie de tennis. « paf ! », « oooohh !! », « AAARRR !!! », « poing ! », « OUUCHH !! », « IIIIHH !! », « AARRGG !! »
À les entendre et à les voir se démultiplier de tous les côtés, le court s'enflamme, la partie est endiablée.
Puis soudain : « Oh ! La balle est tombée dans la reliure entre les pages !».
… M'enfin ! comme dirait Gaston, voilà que les personnages brisent le contrat tacite avec le lecteur et admettent qu'ils sont dans un livre ! Voilà qui déstabilise gentiment le lecteur et pique sa curiosité...
Alors on suit nos deux joueurs qui se faufilent à travers la reliure. Il faut se faire très mince. Les voilà partis dans les recoins insoupçonnés du livre, à travers des pages inattendues et des paysages étonnants.
Dans ce voyage méta-livresque où le fond explore la forme, le lecteur évolue au rythme des dialogues truculents des deux facétieux petits personnages, dans des bulles. Pas de vignette, pas de narration. Les personnages croqués d'un trait naïf et coloré s'autorisent des détours par des décors différents (illustrations plus classiques, noir et blanc, photographie, pages blanches ou écran pixelisé), des aller-retours, cassant la norme de la lecture linéaire. Et sous cet apparent fouillis, l'intrigue est bien construite, parfaitement cohérente dans ses rebondissements. On y fait appel à l'intelligence et au sens de l'observation du lecteur. À son humour aussi : on rit beaucoup au cours de cette partie pleine de péripéties, de la cocasserie des situations et des répliques pleines d'esprit.
C'est rythmé, survitaminé, plein de surprises.
Les papooses avisés ne sauraient que trop vous conseiller cette lecture ludique et survoltée.
Si vous aimez le jeu sur la forme, lire aussi Bouh ! et La course en livre
La balle jaune, Daniel Fehr et Bernardo P. Carvalho
Editions la Pastèque, 2018