L'Arbragan

16 juillet 2015

C'est l'histoire d'un petit garçon qui a perdu un gant.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui, de son propre aveu, est un peu original.

En fait, c'est l'histoire d'un arbre qui s'appelle Bertolt. (le petit garçon, lui, n'a pas de nom. Enfin, on ne le connait pas en tout cas. C'est lui qui raconte l'histoire).

Bertolt, tout de suite, ça en impose. Ce n'est pas un petit arbrisseau gringalet qui s'appellerait comme ça. Bertolt est un chêne, un immense chêne d'au moins cinq cent ans, une forteresse. Ses branches s'étendent loin et il est peuplé d'habitants.

Le petit garçon admet qu'il est plutôt solitaire. Ca veut dire qu'il fait les choses tout seul, et qu'il aime bien ça. Il aime bien Bertolt. Il connait le moindre recoin de ses branches, d'où il se poste pour observer le monde. Aussi, quand un printemps, Bertolt ne bourgeonne pas, il se pose des questions... Des questions graves. Et en se creusant bien la tête, il trouve une idée.

Mais quel bonheur que cet album original, poétique et intelligent ! Un texte plein d'humour, qui se mêle librement aux illustrations, et a parfois la délicatesse de se taire pour leur laisser la place. J'aime la tendresse et la vivacité de ces dessins au crayon de couleur, la liberté du trait léger, parfois comique, qui ne boude pas soudain la précision d'un croquis ornythologique.

Il est question dans L'Arbragan des autres et de soi, de la vie et de la mort. Avec simplicité et justesse.

Difficile de ne pas penser à L'Arbre Généreux dans cette ode philosophique à un arbre aimé. Mais il y a même là quelque chose en plus, un regard sur le monde et une explosion de fantaisie et de poésie.

Un livre qui nous enrichit et nous grandit de l'avoir rencontré. (j'en ai presque des sueurs froides de me dire que j'ai failli passer à côté !)