La tornade

Samedi 15 juillet. 12H15. Elle est annoncée, la tornade, on la sent arriver. Sur la première page, qui s'ouvre en plan large sur un paysage agricole, le ciel commence à se couvrir de gros nuages lourds . L'histoire est sans texte : une date et une heure affichée, toutes les 5 à 10mn, comme un décompte avant le moment fatidique. Pas de mots, pas de bruit, mais on l'entend gronder, on la sent se rapprocher au fil des minutes, alors que le pick-up rouge avance sur la route avec son chargement de foin  et que le ciel se charge.

Larges planches, format à l'italienne. Des gravures colorée à la précision documentaire. On croirait lire un vieil illustré régional, un almanach du temps passé. On se trouve quelque part dans le Midwest américain ou en Nouvelle Angleterre, comme le trahit peut être le pilier de l'auvent de la maison Victorienne en bois, la toiture d'une grange et la présence de ratons laveurs. Mais c'est une campagne universelle et intemporelle qui est dessinée ici, des paysages de prés et de champs, granges, bétail et clôtures, véhicules agricoles. Et toute la faune alentour, lièvres, oiseaux, écureuils, que l'on voit regagner leurs terriers à mesure que le vent gonfle. Nombreux dessins en coupe nous montrent l'intérieur des abris, porcherie, maison, arbre creux : logis des hommes et des bêtes qui paraissent tous aussi précaires face aux éléments qui se déchaînent. J'apprécie le silence de cet album sans texte, les multiples détails du monde rural.

A 15h53, la tornade éclate. A 16h30, elle est déjà passée, et a tout emporté sur son passage. Reste à réparer, déblayer. Reconstruire le lendemain sous un ciel dégagé...

Un album magistral, encore un excellent choix des éditions Les éléphants, qui prouve une nouvelle fois la qualité et la singularité de leurs publications.

La Tornade, Arthur Geisert.

Les éditions des éléphants. 2016.