Le bleu est une couleur chaude : des bleus à l'âme...
La curiosité de découvrir ce prix du public d'Angoulême m'a piquée en même temps que l'annonce de la Palme d'Or pour La Vie d'Adèle. Mais j'aime tellement Kechiche, et je déteste tellement voir des adaptations au cinéma de livres que j'ai aimés que je me suis dit que je m'en tiendrais au film. Quitte à lire la BD plus tard. Patience donc.
Evidemment je n'ai pas tenu...
Très belle histoire, en effet que celle de la rencontre entre Emma et Clémentine, écourtée par une fin tragique. Le livre commence par la fin, et se déroule sous la forme de la lecture posthume du journal intime de Clémentine. Il en découle un récit sensible, personnel et poignant, qui saisit avec justesse les émotions de l'adolescence. Le tout dans un graphisme fluide et subtil sur lequel se détache, par touches, la couleur bleue, comme autant de souvenirs chargés d'émotion. C'est le bleu de l'obscur objet du désir, le bleu des souvenirs, le bleu de la nostalgie. Le blues...
Personnellement, je ne trouve pas la couverture à la hauteur de la beauté du reste de l'album. Emma, de dos et nue, la tête inclinée sous ses mèches de cheveux bleus dans une esthétique très « chevaliers du Zodiaque » (mes plus plates excuses pour la référence toute pourrie). Mystérieuse certes, mais elle dégage une impression inquiétante et presque morbide dans sa maigreur qui ne reflète pas tellement l'esprit du reste de la BD, même si on y retrouve une influence un peu manga. Mais le fameux adage « Don't judge a book by its cover » s'applique ici encore une fois, et la beauté se trouve à l'intérieur, au fil des pages.
A lire et à faire lire autour de soi.
Pour La vie d'Adèle, il semble que l'adaptation soit « libre » et que les prénoms ne soient pas les mêmes. Tant mieux, j'irai avec enthousiasme le voir comme une autre histoire.
Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh
Glénat, 2010