Nos étoiles contraires - The Fault in our stars
Je m'étais dit « non ». Celui là, je ne le lirais pas. J'avais trop flairé le tire-larmes, le sujet poignant, la fin attendue. Mais s'il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau », ça s'applique aussi aux romans, évidemment. Puisque Nos étoiles contraires (The Fault in our stars en VO) s'est trouvé une voie dans mon sac, et que le vague prétexte de lire en anglais m'a suffit pour m'y plonger, non seulement j'ai bu son eau, mais goulument, en essayant tant bien que mal de ne pas tout descendre d'un coup, de me garder quelques chapitres pour le lendemain, pour mieux les savourer, pour prolonger ces moments de grâce en compagnie de Hazel.
L'histoire, vous la connaissez sans doute : Hazel, 17 ans, métastases dans les poumons, est en sursis (pour combien de temps ?) grâce à un nouveau traitement et une assistance respiratoire 24h/24. Elle passe le plus clair de son temps à lire son roman préféré et à regarder des émissions débiles à la télévision. Sa mère s'inquiète, a peur de la voir dépressive.
Comme Hazel reconnaît que le seul truc pire que de mourir d'un cancer est d'avoir un enfant qui meurt d'un cancer, elle essaie vaguement, pour faire plaisir à sa mère et retrouver un semblant de vie sociale, d'aller au groupe de parole. Un jour elle y rencontre Augustus Waters, il est beau, il est en rémission, il a une verve incroyable, et il la drague ouvertement.
La part belle est faite aux dialogues, drôles, intelligents, truculents (pour les anglicistes, anglophones et autres anglophiles : un délice en VO). On rencontre Augustus avec Hazel, on l'écoute et on tombe sous son charme en même temps qu'elle. Ils partagent leurs lectures, leurs peurs, leurs pensées sur la vie, la mort, la souffrance, et c'est un récit incroyablement puissant. Tragédie moderne, les deux "star-crossed lovers" chers à Shakespeare trouvent une incarnation de charme pleine d'esprit en Hazel et Augustus. Plein d'humour, de dérision, poignant évidemment, mais sans pathos ni pessimisme, c'est un roman lumineux, qui parle de la maladie avec beaucoup d'intelligence, et surtout de ce que veut dire être vivant.
Les billets de Pépita, Drawoua, Alice, Bouma, et hérisson.
The Fault in our stars, John Green.
Penguin, 2012.