Le bureau des objets perdus

A peine entre-ouvert pour le feuilleter, je suis tombée dedans comme on glisse dans des chaussons confortables. Il faut dire que cette narratrice tête-en-l'air ne m'est pas tout à fait inconnue. Comme en plus elle lit L'Attrappe-Coeur de Salinger, ça m'a convaincu.

Elle perd tout. Ses affaires, les trucs les plus improbables. Un jour elle perdra sa tête. Mais en ce moment, ça ne tourne vraiment pas rond. Elle a perdu à la fois son petit ami... et son blouson. Son blouson fétiche, celui qu'elle tient de son tonton l'explorateur, mort tombé d'un paquebot. Ou peut être d'un escabeau, peu importe, on n'est pas à deux syllabes près.

J'ai trouvé chez la narratrice une adolescente vivante, différente des clichés littéraires, qui me parle tout à fait. Il y a le monde des adolescents, cette bulle de sentiments intenses et d'insouciance, cette façon de se faire tout un monde de choses qui paraissent insignifiantes aux adultes, et d'être parfois complètement aveugles à celles plus graves qui se passe juste à côté d'eux. J'ai trouvé les passages en famille drôles et émouvants, cette folie douce conté avec un humour qui n'est autre que de la pudeur.

Dans une narration vive et débordante, son esprit qui digresse, se rappelle une histoire, une anecdote, et continue de plus belle.

Il y a l'imaginaire qui s'emballe, l'aventure qui surgit au détour d'un paragraphe, un tonton qui échappe in extremis à une tribu cannibale en Amazonie.

Un roman qui m'a rappelé l'excellent Victoria Rêve par sa fougue, par son personnage d'incorrigible rêveuse... et par la réalité parfois brutale qui tombe sur le coin du nez de ceux qui l'ont en l'air...

Il y a dans cette histoire de perte et de quête une dimension métaphorique qui fait de cette balade un récit plus beau et peut être plus profond qu'il ne le laisse paraitre.

Lire aussi l'avis (différent) de Pépita

Le bureau des objets perdus, Catherine Grive

Le Rouergue, Doado, 2015.